Moderniser le service public sans trahir ses valeurs

Depuis de nombreuses années, les concepts de modernisation et réforme de l'administration publique s'imposent dans les débats, dans un sens étroit qui ne les renvoie qu’à des impératifs de gestion et de management public. Au sortir de la crise sanitaire, et alors que s’approchent les campagnes présidentielles et législatives, il convient de réaffirmer les principes et valeurs qui doivent guider l’évolution de nos services publics afin de les adapter à l’évolution des besoins de la société. 

Les projets successifs de modernisation des dernières décennies (stratégies ministérielles de modernisation en 2003, révision générale des politiques publiques en 2007, modernisation de l'action publique en 2012, action publique 2022) ont surtout cherché à rationaliser les fonctionnements et à réduire les coûts plutôt que l'utilité pour les citoyens. Parfois, au détriment des principes fondateurs de nos services publics, gages de cohésion sociale. 

Nous portons la conviction qu’un secteur public fort, efficace, proche des citoyens, capable d’interroger son fonctionnement et ses pratiques, soucieux de s'adapter aux enjeux d’un monde qui change, est à la fois un facteur de cohésion nationale, de justice sociale, d’attractivité, d’engagement et d’innovation. Les services publics sont également la condition même de la vitalité de notre vie démocratique, de l’affirmation de notre modèle basé sur la protection des libertés individuelles et collectives.

Dès lors, la véritable modernisation de nos administrations publiques doit reposer sur des valeurs partagées et donner un sens autre que de seules aspirations gestionnaires. Trois objectifs essentiels doivent impérativement être recherchés : l'égalité d'accès pour toutes et tous, l'exemplarité écologique et sociale et l'écoute démocratique. 

Proximité

Premièrement, nous avons besoin de réaffirmer le projet des services publics, qui est celui de l’égalité d’accès. Nos services publics doivent être guidés par deux grandes ambitions : la proximité et l’accessibilité pour l’usager. La crise sanitaire a montré combien la distance aux services publics a pu être problématique dans certains villages ou quartiers. La modernisation des services publics ne doit pas être synonyme de moins de services publics, de leur effacement ou de leur recul, mais d’une priorité absolue donnée au renforcement des agents de terrain, ceux qui sont au contact direct des citoyens, à l’école, dans les transports publics, dans les services de santé. Enfin, la digitalisation et la dématérialisation, si elles sont porteuses d’innovations importantes, doivent être systématiquement pensées et humainement accompagnées pour pallier les multiples fractures numériques qui continuent d’exister dans notre société.

Exemplarité

Deuxièmement, pour assoir sa légitimité et son rôle de transformation, l'administration publique doit évoluer vers une administration exemplaire, en phase notamment avec les impératifs de développement durable et de respect de l'environnement. Nombre de PME affirment ainsi ne plus candidater aux marchés publics devenus de plus en plus complexes et trop souvent attribués aux moins-disants financiers plutôt qu’aux acteurs locaux plus respectueux de leurs salariés et de leur environnement. Répondre aux défis du réchauffement climatique et lutter contre les pollutions doivent s’appuyer sur des fonctionnements administratifs respectueux au quotidien des conditions d’une vie durable sur notre planète, et sur des agents publics davantage formés aux enjeux et aux dispositifs de la transition écologique. 

Humilité

Enfin, la modernisation des services publics emporte une administration plus humble, qui prend le temps de se mettre à l'écoute des usagers et des citoyens. La e-administration ne doit pas être un prétexte pour couper les liens sociaux avec les usagers, sous peine d'engendrer des non-recours aux droits, déjà terriblement à l’œuvre. Elle est l'occasion de renforcer la qualité de la relation à l'usager. Pour redonner du sens à l'action, les modes verticaux d'élaboration des politiques publiques doivent laisser place à la concertation, à la co-construction, à la mise en œuvre et à l’évaluation partagées. Le langage de l’administration doit aussi se faire plus universel et à la portée de tous les citoyens. Enfin, attachées aux valeurs du statut, nos fonctions publiques doivent être représentatives de la diversité de la société française pour renforcer leur idéal méritocratique, attractives pour recruter de nouveaux profils et soucieuses au travers du dialogue social de laisser de véritables espaces de concertation et de propositions aux fonctionnaires, c'est-à-dire à ceux qui font le service public. 

Parce que nous croyons au modèle français de service public, nous fondons le "Sens du service public".

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